Le syndrôme de l’imposteur chez le vétérinaire

Temps de lecture : 5 minutes

C’est en 1978 que les psychologues Pauline Rose Clance et Suzanne Imes ont créé le terme « syndrôme de l’imposteur » après l’avoir étudié chez 150 femmes.

Ce que nous appelons aujourd’hui le syndrome de l’imposteur déclenche chez les personnes concernées « l’impression que leurs réussites ne sont pas méritées et la peur d’être démasquées en tant qu’imposteurs ». Cette impression d’imposture est liée à un sentiment profond qui amène des individus à douter de leurs compétences et réalisations personnelles.

Egalement appelé syndrome de l’autodidacte, ce syndrome est davantage observé chez les personnes intelligentes et les vétérinaires peuvent être concernés surtout en début de carrière.

CULTIVEZ et ÉDUQUEZ l’imposteur qui dort en vous, mais ne le laissez pas prendre le pouvoir.

Delphine Demaison, Catalyse Santé

L’introduction de la vétote à l’aise dans ses bottes

« Avec ce cas, j’ai eu de la chance ». Avez-vous déjà prononcé ce type de phrase ? Si oui, était-ce vraiment de la chance ?

En tant que vétérinaire, avoir des doutes c’est normal. Mais lorsque cela en arrive au point de se sentir illégitime, ça ne l’est plus. Ça peut même être problématique car cette impression d’imposture peut amener à douter fortement de ses compétences. Que ce soit face à un client ou en pleine chirurgie, ces doutes ne sont franchement pas les bienvenus.

Parce que je me sens concernée et que un grand nombre de mes confrères et consoeurs le sont aussi, je m’intéresse beaucoup aux sujets qui parlent de la confiance en soi chez le vétérinaire. Grâce au cabinet de coaching Catalyse Santé on apprend comment diagnostiquer ce syndrome de l’imposteur et comment s’en débarrasser … ou plutôt le contrôler.

Car oui dans cet article vous allez apprendre à vivre avec votre imposteur et même à vous en faire un allié 😉

 

Comment diagnostiquer le syndrome de l’imposteur chez le vétérinaire ?

Aujourd’hui, le syndrome de l’imposteur n’est pas considéré comme une maladie ou une pathologie, plutôt comme un état psychologique. À ce titre, il existe un ensemble de signes permettant de le détecter chez soi ou dans son entourage :

🤔 Vous ne vous sentez pas responsable de vos succès

Vous attribuez systématiquement vos succès ou les évènements positifs de votre vie à un élément extérieur à vous. Cet élément peut être la chance, le hasard, l’aide ou la complaisance de vos proches, vos supérieurs ou de vos confrères et consoeurs.

🤷‍♀️ Vous banalisez vos réussites

Vous manquez de confiance en vous et avez tendance à banaliser / dévaloriser vos accomplissements. Vous refusez le mérite en tenant des propos comme « ça ne m’a pas demandé beaucoup d’efforts ». Ou « n’importe qui aurait pu le faire ».

🌟 Vous êtes perfectionniste

Vous faites preuve d’un perfectionnisme et d’un surinvestissement poussés à l’extrême. Les individus souffrant du syndrome de l’imposteur ont tendance à dépenser trop d’énergie ou de temps par rapport à l’importance ou la complexité de la tâche qui leur a été confiée. Leur potentiel succès serait à leurs yeux dû à la quantité de travail fournie et non à leurs propres compétences.

😱 Vous avez peur d’être démasqué

Vous avez une peur panique d’attirer l’attention sur vous. Car qui dit attention, dit risque d’être mis en échec, ou que votre “imposture” soit dévoilée. Cela peut vous pousser à vous auto-saboter pour éviter les félicitations, qui vous mettent mal à l’aise.

🤯 Vous vous demandez: pourquoi vous?

Vous avez tendance à ruminer, notamment à passer énormément de temps à essayer de comprendre pourquoi vous avez été choisi(e) (par vos supérieurs, votre partenaire…) ou à vous dénigrer continuellement.

Avez-vous le syndrome de l'imposteur ?

Avant de continuer à lire cette article, Catalyse Santé vous a préparé un test pour le savoir (réponse immédiate et pas besoin d’envoyer votre adresse email 😉).

La réponse est oui et vous ressentez ce syndrome de l’imposteur de façon régulière

D’après la revue scientifique du Journal of Behavioral Science, 65% de la population aurait déjà souffert de certains symptômes de ce syndrome à un moment dans leur carrière. Bien qu’il ne freine pas complètement votre évolution, le syndrome de l’imposteur vous empêche parfois de savourer pleinement vos réussites et de saisir de belles occasions.

Dans le secteur de la santé, ce syndrome est aussi bien observé dans les professions médicales que paramédicales ou administratives. Il est souvent plus fréquent en début de carrière mais se présente également chez des professionnels de santé plus seniors qui ont du mal à s’en défaire tout au long de leur évolution professionnelle. Il est possible que l’importance accordée à l’expertise et au savoir-faire, dans les métiers de la santé, accentue le sentiment de ne pas être au niveau lorsqu’on ne se sent pas complètement en maîtrise d’un sujet.

 

Quelques conseils pour vous :

💪 Faites la liste de vos compétences et qualités afin de prendre conscience de votre valeur.

💕 Appréciez les remerciements afin de vous réapproprier vos succès.

👋 Osez demander de l’aide. Être doué(e) ne signifie pas qu’il faille toujours tout faire seul(e) !

🦄 Croyez en la bienveillance autour de vous. Les personnes qui vous écoutent lors d’une prise de parole ou qui vous confient un projet, n’attendent pas au tournant le moment où vous commettrez une erreur.

👣 Apprenez à accepter la critique. On vous reproche un oubli ou une erreur ? Ce n’est pas une question de compétence. Ajustez le tir, tournez la page et avancez !

La réponse est non, vous ne ressentez quasiment jamais ce syndrome de l’imposteur.

Vous faites partie d’une espèce rare… et vous vous sentez chanceux(se). Vous êtes capable de reconnaître votre valeur et de la faire valoir. Mais il est possible que vous craigniez parfois que votre assurance ne soit perçue comme de l’arrogance.

Voici quelques conseils pour vous :

😀 Évitez la fausse modestie : restez authentique sans en faire trop. Quand on souligne vos succès, remercier et sourire sincèrement suffit largement !

👏 Reconnaissez le talent des autres. Sans leur donner tout le mérite, ne négligez jamais de donner aux autres les honneurs qu’ils méritent.

🙏 Soyez reconnaissant(e). Soyez conscient(e) de la chance que vous avez d’être entouré(e) des bonnes personnes, sachez les remercier. C’est en partageant les succès que l’on renforce la motivation des personnes qui nous entourent.

Comment apprivoiser cet imposteur avant qu’il ne vous contrôle ?

Nommez cet imposteur

Quand vous l’entendez, quand vous écoutez la petite voix de votre imposteur, demandez-vous qui vous parle, à qui appartient cette petite voix à l’origine ? Remontez à la source. A-t-elle la voix d’un chef qui ne croyait pas en vous ? Un parent ? Un collègue ? Un ami ? La première étape pour la réduire au silence, c’est d’identifier à qui elle appartient. Elle n’existe pas, elle incarne les remarques négatives ou les mauvaises expériences que vous avez vécues.

Identifiez l’imposteur quand il se manifeste

Cet imposteur se manifeste quand vous ne vous sentez pas en sécurité. Il est donc essentiel d’identifier les moments où vous êtes le plus vulnérable. Quand se fait-il entendre ? Est-ce juste avant de faire une présentation importante ? Au moment de démarrer un nouveau projet ? Que dit cet imposteur de VOUS ? Que pense-t-il de vos responsabilités, de ce que vous vivez ?

Occupez cet imposteur

Maintenant que vous avez réussi à l’identifier, que vous savez ce qu’il vous dit et à quel moment il intervient, vous pouvez vous défendre. Vous pouvez utiliser une technique de visualisation en lui donnant une occupation, une mission. Visualisez bien ce que vous lui demandez de faire : d’aller faire un tour, d’aller jouer ailleurs, de sortir de la salle d’opération, de consultation et de vous attendre dans le couloir, dans votre bureau, dans le jardin…

Transformez l’imposteur en allié

Cet imposteur peut vous être utile, si vous parvenez à comprendre ce qu’il vous dit. Pour y arriver, gardez l’essentiel du message et ignorez le reste. Plutôt que : « Tu n’y arriveras jamais, c’est beaucoup trop compliqué pour toi », entendez « Il s’agit d’une mission très complexe, que te faudrait-il pour être bien préparé(e) ? ». Une fois que vous aurez compris, vous pourrez décider s’il s’agit d’une mise en garde pertinente. Vous prendrez ainsi de meilleures décisions. Vous emmènerez alors cet imposteur avec vous, mais ne le laisserez pas aux commandes. Vous restez maitre de la situation, enrichi par ses conseils et avertissements. Il vous fait douter ? Tant mieux ! Qui donne de la valeur aux décisions de celui qui ne doute jamais et qui sait toujours tout ?

 

Ce serait idéal si cet imposteur se manifestait aussi pour souligner ce que vous faites bien ! La prochaine fois qu’il se fera entendre pour vous dire quelque chose de négatif, arrêtez-vous et notez-le. Puis, juste en dessous, écrivez l’opposé de ce que vous venez d’entendre. Lisez à voix haute cette pensée devenue positive. Faites le choix conscient d’écouter le positif. Vous pouvez même afficher cette phrase : après quelques mois, vous aurez plusieurs messages de motivation à relire lorsque votre critique intérieur se fera trop entendre.

La communication est à utiliser sans modération, aucun effet secondaire observé.

Delphine Demaison

Coach santé, Catalyse

En domestiquant l’imposteur qui est en vous, vous transformerez sa voix critique en alliée de confiance qui vous guidera à prendre de meilleures décisions.

N’oubliez pas que vous êtes aux commandes et surtout, ne le laissez jamais être un frein à vos ambitions.

Le syndrome de l’imposteur n’est pas un problème, il est plutôt normal et sain si tant est qu’on travaille pour faire « avec » et qu’on s’en serve pour grandir encore. Il permet de prendre conscience de sa propre valeur, de qui nous sommes, de ce que nous acquérons tous les jours et ce que nous apportons dans notre travail.

Votre syndrome de l’imposteur est porteur de votre capacité à apprendre, à faire mieux et à avoir conscience de vos limites, mais il n’est pas le maitre à bord. 🥊 Le chef c’est VOUS, pas lui !

Le mot de la fin ✍️

Peu importe le résultat de votre test, j’espère que cet article vous a été utile. Quant à celles et ceux pour qui la réponse est oui, je vous souhaite une bonne rencontre avec votre imposteur et surtout n’hésitez pas à vous faire aider par votre entourage pour le dompter 🦁

 

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Cet article a été rédigé en partenariat avec CATALYSE, cabinet de coaching dédié aux acteurs de la santé.

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