Le stress chez le vétérinaire : ami ou ennemi ?

Temps de lecture : 4 minutes

Le stress peut parfois être un facteur de motivation au quotidien, mais, mal vécu ou trop présent, il devient vite paralysant.

Ambiance au sein de la clinique, charge de travail, horaires, incertitudes … Il existe de nombreux facteurs aggravants lorsqu’on exerce le métier de vétérinaire.

Alors existe-t-il une juste dose du stress, à quel moment c’est trop et comment faire pour le gérer ?

Si les sources du stress sont propres à chacun, certaines techniques permettent de mieux le gérer avant d’atteindre le point de non-retour de l’épuisement professionnel.

Delphine Demaison

Coach et fondatrice de Catalyse Santé

L’introduction de la vétote à l’aise dans ses bottes

Je me sens beaucoup plus sereine dans mon quotidien de vétérinaire aujourd’hui mais il y a encore des jours où je me laisse complètement envahir par le stress. Je me rappelle de mes premières années où ça me semblait presque insoutenable parfois …

Aujourd’hui, il y a une injonction tellement forte autour du bien-être ou du être bien que ça en devient presque stressant aussi. La méditation par ci, le yoga par là. Attention, je ne critique pas, j’adore même certaines de ces pratiques, c’est juste je me pose certaines questions autour de la « juste dose« .

Je me suis souvent dit, peut-être que le métier de vétérinaire est trop stressant pour moi, je ne suis pas adaptée ? Et j’entends beaucoup de jeunes se faire les mêmes réflexions …

Y a-t-il une juste dose du stress, à quel moment c’est trop et comment faire pour le gérer ? Delphine et Pauline du cabinet Catalyse santé nous expliquent tout et nous donne leurs conseils sur une thématique qu’elles abordent souvent avec les professionnels de la santé.

Comprendre le mécanisme du stress et ses risques chez le vétérinaire

Pour bon nombre d’entre nous, le stress est un fourre-tout désignant un vague sentiment de malaise, pourtant c’est une réaction biologique bien réelle en réponse à une stimulation extérieure physique, psychique ou sensorielle.

 

La réaction au stress se décompose en trois phases :

Le choc ⚡

Vous recevez le stimulus  » stressant  » et votre organisme va tout faire pour s’adapter. A ce stade, la mémoire et la réflexion sont améliorées.

La résistance au stress 🤚

Votre organisme est en position de mobilisation et le stress est considéré, d’un point de vue biologique, comme un agent stimulant bénéfique pour l’organisme. Il lui permet de réagir.

L’épuisement 😫

Le stress perdure, votre organisme se fatigue, vous êtes sensible aux agressions extérieures, dans un état de tension excessive. Apparaissent alors la fatigue, la colère, voire même la dépression.

 

Les sentiments négatifs associés au stress correspondent à un déséquilibre entre ce que l’on demande à une personne de faire et les ressources dont elle pense disposer pour y répondre.

Lorsqu’une personne ressent trop de stress -en fréquence ou en intensité-, elle peut avoir de nombreux symptômes :

  • physiques : fatigue constante, douleur, maladie, troubles du sommeil, de l’alimentation, palpitations, tensions musculaires, addictions …
  • psychiques : sentiment permanent de tension, irritabilité, pleurs, symptômes dépressifs, diminution de la confiance en soi, isolement social…
  • cognitifs : erreurs, diminution de « performance », problèmes de concentration, de mémoire, indécision …

Il n’y a pas de causes précises et établies au stress, face à une même situation, les individus réagissent différemment. Reste qu’il existe des facteurs aggravants : certaines périodes de la vie ou certains contextes, professionnels notamment, évidemment amplifiés par une période de crise et d’incertitudes.

 

Quels sont les facteurs de stress professionnel aggravants pour les vétérinaires et comment les diminuer ?

Tout comme dans un article précédent où nous expliquions pourquoi les vétérinaires sont particulièrement à risque de fatigue compassionelle, il existe des causes bien identifiées de stress liées aux professionnels de santé vétérinaires qu’on peut classer en 4 grandes catégories :

  1. La charge de travail 🏋‍♀

La « surcharge de travail » serait le premier facteur de stress. Ce n’est pas tant l’avalanche de travail qui importe, mais la façon de l’appréhender. Même les personnes les plus endurantes, exigeantes envers les autres mais aussi envers elles-mêmes, peuvent craquer : il y a ce moment fatidique où il est impossible d’en prendre plus.

Urgences, journées à rallonge, nombreux déplacements, renouvellement du personnel fréquent dans certaines cliniques … Les vétérinaires qui restent en poste en souffrent et doivent tenir bon.

 

⇒ Pour diminuer ce facteur de stress :

Fixer des échéanciers clairs : tout n’a pas le même niveau d’urgence ⚠. La matrice d’Eisenhower peut être un premier outil pour vous aider à hiérarchiser vos tâches et prendre du recul ; elle vous aidera à prendre conscience de votre état de stress et de votre façon d’appréhender l’urgence qui est propre à chacun.

2. Les horaires de travail ⏰

Certains arriveront à être productifs plus longtemps que d’autres, mais quand on va au-delà de ses capacités physiques, tout travail deviendra épuisant.

⇒ Pour diminuer ce facteur de stress :

  • Prendre des « pauses santé », trouver ce qui vous ressource vraiment et surtout tenter de trouver de la flexibilité dans le travail, rester dans le dialogue et l’échange avec votre équipe pour essayer de mieux répartir la charge de travail. Ce sont d’ailleurs des thématiques souvent abordés par Emilia qui donne de nombreux conseils sur son compte instagram.
  • Pour les vétérinaires qui font beaucoup de gardes la nuit, ne pas hésiter à vérifier votre chronotype – i.e.. l’ensemble des caractéristiques d’une personne déterminant sur une journée les moments où elle peut dormir ou travailler de manière optimale-, car certains corps ont du mal à supporter les horaires inversés. Un test a été créé en 1976 pour savoir quel est le chronotype d’un individu : le Horne and Ostberg Morningness/Eveningness Questionnaire (MEQ). De nombreux site le propose en ligne et vous connaitrez votre profil après avoir répondu à une vingtaine de questions. Cliquez ici pour retrouver celui recommandé par sciences et avenir. 

3. Les relations de travail 👥

En plus des contraintes individuelles, le fait de travailler en équipe peut engendrer d’autres facteurs de stress. Il est primordial de maintenir un bon climat de travail. Les relations de travail avec les collègues, et plus spécifiquement avec la hiérarchie, ont un impact important sur la qualité de vie au travail.

⇒ Pour diminuer ce facteur de stress :

  • Veiller à maintenir les échanges, la bonne communication et exprimer vos désaccords sans attendre qu’une situation ne s’envenime.
  • Quelle que soit votre position dans l’équipe, souligner le positif et prendre le temps de féliciter et d’encourager, vos collaborateurs, vos secrétaires et vos ASV. À la longue, un manque de commentaires positifs et d’encouragements s’avère démotivant, même pour les plus endurants. La reconnaissance vient de partout et pas seulement d’en haut !

4. Le changement et l’incertitude 🙄

Les réorganisations internes, les départs de collègues, volontaires ou non, les arrivées, les changements de direction, de process, les nouveaux logiciels… presque tous les changements sont générateurs de stress. Mais très souvent c’est la peur de ce changement plus que le changement lui-même qui est paralysante ; c’est l’appréhension devant une situation inconnue, et le manque de contrôle face à l’incertitude. L’être humain est ainsi constitué, il ressent toute modification de son environnement comme dangereuse. Si vous souhaitez en savoir plus sur la notion de changement et ce qui le rend difficile, nous avons eu l’occasion de l’aborder à la 40 ème minute de ce webinaire organisé par See my Vet pour les vétérinaires.

⇒ Pour diminuer ce facteur de stress :

  • Le simple fait d’être mieux informé peut enlever un grand poids. Là encore, favoriser la communication reste clé. Face au changement, la passivité est l’attitude la plus dangereuse, agir peut s’exprimer par des actions aussi simples que d’aller frapper à la porte de votre patron ou votre collègue pour en savoir plus.
  • L’environnement n’offre aucune certitude ? Il faut chercher la sécurité en soi. Faire l’inventaire de ce que vous avez de solide, des capacités et des talents sur lesquels vous pouvez compter. Ne pas hésiter à chercher vos ressources également dans votre vie personnelle.

Et si on essayait de cultiver le stress positif dans son quotidien vétérinaire ?

En réalité, le stress fait partie de la vie et devrait être vécu positivement, c’est souvent lui qui nous procure l’énergie et la motivation nécessaires pour surmonter les difficultés et relever les défis. Certains ne le considèrent alors pas comme du stress, mais plutôt comme une « montée d’adrénaline », compte tenu de la satisfaction ressentie une fois l’objectif atteint.

Pour encourager ce « bon stress » face à une grande difficulté, vous pouvez par exemple la découper en plusieurs sous problèmes que vous arriverez à résoudre plus facilement. La réussite de ces problèmes plus petits vous permettent ensuite de gagner en estime de vous-même et vous réussirez de mieux en mieux à résoudre l’ensemble du problème.

Soyez également plus indulgent(e) avec vous-même en acceptant vos échecs et sans vous comparer aux autres. L’échec n’est pas grave voire bénéfique si vous en tirez des leçons.

 

 

Parce que prendre soin des autres commence en prenant soin de soi (et la santé des animaux passe par celle du véto 🐎🐶😸🦄), nos premiers conseils dans ce combat quotidien contre le stress dans la profession vétérinaire sont :

  • bien se connaitre pour fixer ses priorités ;
  • bien s’écouter pour respecter ses limites ;
  • bien communiquer pour que les autres nous comprennent.

Le mot de la fin ✍️

Si comme moi, il vous est déjà arrivé d’éprouver du stress au point de remettre en question votre vocation, j’espère que ces conseils vous permettront d’y voir plus clair. Pour ma part, après un départ difficile, j’ai donné une seconde chance à mon choix de carrière en postulant ailleurs qui m’a permis de reprendre confiance en moi et j’ai appris à aimer mon métier.  

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout. Si ça vous a plu, retrouvez plus de conseils sur mon compte Instagram ainsi que des webinaires sur les compétences comportementales clés en milieu vétérinaire (disponibles en replay sur YouTube ou en version audio pour écouter en voiture sur Spotify ou votre plateforme de podcast préférée). Pour être tenu(e) au courant des nouveaux sujets que j’aborde, inscrivez-vous simplement à la newsletter.

Et surtout, si ces conseils vous aident, partagez au sein de votre clinique, vos amis, vos réseaux et laissez des commentaires. C’est de loin le meilleur moyen pour aider à améliorer le quotidien du plus grand nombre de vétérinaire 😇

 

Cet article a été rédigé en partenariat avec CATALYSE, cabinet de coaching dédié aux acteurs de la santé.

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