L’épuisement professionnel vétérinaire (burn-out vétérinaire)
Temps de lecture : 5 minutes

En 1970, Herbert Freudenberger, psychiatre et psychanalyste, observe ce syndrome en santé humaine chez des soignants bénévoles s’occupant des toxicomanes et décrit pour la première fois l’épuisement professionnel.
L’épuisement professionnel vétérinaire est un sujet important qui peut tous nous concerner directement ou indirectement à un moment de notre carrière.
Il faut savoir, que contrairement à ce que l’on peut entendre, l’épuisement professionnel ne touche que les personnes très impliquées dans leur travail et pas des personnes fragiles ou faible.
L’introduction de la vétote à l’aise dans ses bottes

Le confère ou la consoeur à bout, on l’a tous connu. Peut-être que ça a même été vous à un moment donné de votre carrière.
Acceptez que tout ne soit pas toujours rose, c’est une chose, et plutôt une bonne chose. Reconnaître les signaux d’alarme de l’épuisement professionnel vétérinaire, ça en est une autre.
Du coup, je me suis rapprochée de deux coachs expertes dans le domaine de la santé, Delphine Demaison et Pauline Quéré, qui ont crée la société de coaching Catalyse Santé. Elles nous parlent de ce syndrome extrêmement sérieux et nous évoquent les facteurs déclencheurs et les conseils essentiels pour éviter l’épuisement professionnel vétérinaire.
En bref, comment mieux gérer son quotidien vétérinaire… et ça commence sur cette page.
L’épuisement professionnel chez le vétérinaire arrive généralement en 4 phases
Phase 1 : l’engagement du vétérinaire 
Pendant cette phase, la personne prend plaisir dans son travail, pour lequel elle s’enthousiasme et qui est source de satisfaction.
Phase 2 : le sur-engagement du vétérinaire 
Cette phase constitue le symptôme initial d’épuisement professionnel.
La satisfaction et la motivation au travail sont encore très présentes mais petit à petit, l’activité et les pensées professionnelles vont gagner toutes les sphères de l’existence.
C’est à ce stade que les proches commencent généralement à exprimer leur inquiétude et leur frustration.
Phase 3 : la résistance du vétérinaire 
La suractivité de la phase de sur-engagement se transforme finalement en acharnement frénétique. La personne nie de plus en plus son surmenage et sa surcharge. Le plaisir fait place à l’anxiété grandissante et à la disparition de la satisfaction au travail. L’estime de soi diminue petit à petit, on commence à douter de soi et de ses capacités.
Sans aide extérieure, la personne est à ce stade incapable de s’en sortir seule.
Phase 4 : l’effondrement du vétérinaire 
L’effondrement est la dernière phase de ce long processus. À ce stade, la personne a perdu toute capacité d’initiative qui lui serait favorable. L’estime de soi et tout espoir de parvenir à surmonter les difficultés professionnelles sont anéantis.
On assiste à un effondrement total qui affecte toutes les dimensions de la personne : psychique, émotionnelle et physique.
Une des conséquences les plus dures à appréhender est l’incapacité progressive du cerveau à exécuter des tâches qui étaient pourtant simples auparavant
Les personnes vont présenter des manifestations physiques qui peuvent aller de la difficulté de concentration, à la fatigue en passant par l’incapacité à utiliser certains membres ou toute autre réaction physique majeure.
Maintenant que vous connaissez les manifestations, voyons quels facteurs peuvent déclencher ce syndrome.
Les 5 facteurs déclencheurs de l’épuisement professionnel chez le vétérinaire
1. La Perte de sens pour le vétérinaire 
À cause du décalage entre la vocation initiale de soignant et la réalité du métier (lourdeur administrative, enjeu de rentabilité..).
2. La multiplicité de rôles à endosser pour le vétérinaire 
Manager, acheteur, chef d’entreprise… Avoir plusieurs casquettes sans formation ou accompagnement sur ces thématiques peut vite devenir lourd à porter.
3. La Perte de contrôle du vétérinaire 
La délimitation des rôles est parfois peu claire au sein des structures vétérinaires. Un manque de clarté sur son périmètre, ses priorités et ses objectifs peuvent vite être une grande source de stress.
4. Le manque de reconnaissance du vétérinaire 
Les signes de reconnaissance sont à la base de toute relation. Ils peuvent être positifs, négatifs ou, plus grave encore, inexistants. ces signes de reconnaissance viennent du responsable, des collègues et des patients : autant de personnes qui peuvent impacter l’estime de soi.
5. Les problèmes d’incivilité envers le vétérinaire 
Il y a consensus sur le fait que le nombre d’incidents et de conflits a significativement augmenté dans le secteur médical (des incidents en hausse de 50% en 10 ans) ce qui constitue un facteur aggravant de la souffrance au travail.
Ça vous parle ? On m’a toujours dit qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Quelle est la marche à suivre pour soi ou pour quelqu’un en souffrance dans notre entourage ?
Les 4 conseils pour éviter l’épuisement professionnel chez le vétérinaire
Écouter ses besoins
Tout d’abord, écoutez-vous, écoutez vos besoins, vos envies. Les réactions physiques sont souvent un bon indicateur de notre état général. Surtout, ne vous oubliez pas dans la tourmente.
Apprendre à s’arrêter
Même si cela va à l’encontre de notre société et de nos rythmes actuels, particulièrement en période de crise. Il faut absolument apprendre à s’arrêter, même pour des petites pauses. Ne pas être en flux continu.
Si vous êtes en position de management: mettez en place une organisation qui assure des temps de relais pour les personnes de première ligne, afin que chacun ait un temps (même court) pour se ressourcer.
Utiliser ses priorités comme boussole
Prendre le temps de les remettre à plat, de les clarifier. Si besoin avec votre manager, avec vos collaborateurs et gardez–les toujours en ligne de mire quand vous vous sentez débordé :
- est-ce que je suis en train de faire quelque chose de prioritaire ?
- est-ce que je suis clair(e) sur ce que je dois faire?
Si besoin, faites-les repréciser et quand vous pouvez : DÉLÉGUEZ.
Oser dire et oser demander de l’aide
Vous n’êtes pas seul(e). Que ce soit dans votre entourage personnel ou professionnel.
Quand on est au bord du burn-out, on perd pied avec la réalité et souvent on porte seul la charge et le poids de ce qu’on a à faire sans réaliser que notre entourage ne s’en rend pas compte alors qu’il pourrait ou aurait aimé nous aider.
Delphine et Pauline m’ont expliqué qu’elles ont souvent en coaching des managers qui se sentent démunis quand ils apprennent qu’une personne de leur équipe a fait un burn out. La question qui revient le plus souvent c’est « pourquoi ne m’a-t-il / elle pas demandé de l’aide ? ».
La communication est à utiliser sans modération, aucun effet secondaire observé.
Quelles sont les aides possibles pour l’épuisement professionnel vétérinaire ?
- L’entourage personnel est un soutien, mais ne peut pas être la seule soupape d’aide.
- L’entourage professionnel vétérinaire : qu’on soit manager ou collaborateur. On a un rôle à jouer, il faut être vigilant, en parler. Même s’il y a un lien hiérarchique qui complique les choses, un supérieur peut aussi être démuni et avoir besoin d’aide.
- Le médecin du travail, si cela s’applique pour vous, il est là pour ça. Il a un devoir de confidentialité et de soutien.
- Le coaching avec des experts: avant / après le burn-out. Prévenir vaut mieux que guérir. Le coaching est un excellent accompagnement sur la phase de sur-engagement et de résistance ou après l’effondrement, une fois que la personne a été suivie médicalement et est prête à retourner au travail, pour qu’il soit le plus serein possible
En revanche, pendant l’effondrement, il y a un vrai besoin de soutien par des spécialistes (psychologues et psychiatres) voir même un accompagnement médicamenteux.
Parfois il est difficile d’aller voir quelqu’un physiquement, un ami, ou quelqu’un dans son équipe. Il existe des solutions, comme l’association SPS, qui peuvent assister à distance et de manière anonyme.
Le mot de la fin 
Pour ma part, cet article m’a permis de me rendre compte à quel point il est facile de basculer et surtout à quel point j’ai pu moi aussi pendant ma carrière osciller autour des phases de pré-épuisement sans forcément m’en rendre compte.
Je sais aussi que nous sommes nombreux à être hermétiques à certaines notions de santé mentale, qu’on associe notamment à de la faiblesse et qu’il n’est pas facile d’admettre ou de chercher de l’aide lorsqu’on ne va pas bien.
C’est donc pour cela qu’au-delà de faire attention à vous, je vous invite à faire attention à vos confrères et consoeurs. Demandez un vrai » Comment ça va ? » et prenez le temps d’écouter la réponse.
Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout. Si ça vous a plu, retrouvez plus de conseils sur mon compte Instagram ainsi que des webinaires sur les compétences comportementales clés en milieu vétérinaire (disponibles en replay sur YouTube ou en version audio pour écouter en voiture sur Spotify ou votre plateforme de podcast préférée). Pour être tenu(e) au courant des nouveaux sujets que j’aborde, inscrivez-vous simplement à la newsletter.
Et surtout, si ces conseils vous aident, partagez au sein de votre clinique, vos amis, vos réseaux et laissez des commentaires. C’est de loin le meilleur moyen pour nous aider à améliorer votre quotidien 😇
Cet article a été rédigé en partenariat avec CATALYSE, cabinet de coaching dédié aux acteurs de la santé.
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